Journal canadien d'archéologie volume 41, numéro 2 • 2017
Articles
En Europe, et surtout avec les études consacrées aux abris sous roche du Paléolithique, la modélisation chronologique bayésienne gagne en popularité. Dans le nord-est de l’Amérique du Nord, les conditions laissent généralement à désirer (sites souvent peu stratifiés et sols perturbés), et nuisent ainsi à l’applicabilité d’une telle approche. Nonobstant ces limitations, je montre qu’elle demeure applicable, en autant qu’assez d’information de qualité ait été consignée d’emblée au sujet des échantillons datés et de la stratigraphie. Ceci est illustré à l’aune d’une étude de cas portant sur la « sphère d’interaction Pseudo-Scallop Shell (PSS) » (Méhault 2015; 2017). Globalement, les distributions a posteriori calculées pour chacun de ses 14 composites repoussent le terminus post quem conventionnellement attaché au Sylvicole moyen, suggérant ainsi que la « sphère d’interaction PSS » déborde sur la période précédente (Sylvicole inférieur). Uniquement dans ses expressions les plus occidentales (c’est-à-dire dans la culture Laurel), cette sphère d’interaction persiste-t-elle au cours du Sylvicole supérieur.
On a longtemps pensé que les Européens abandonnèrent le Labrador vers 1630 et que les seuls Inuit peuplaient le territoire jusqu’à la colonisation française en 1703. Ce travail montre la présence des Basques d’Espagne dans le détroit de Belle-Île et Gran Baya (le bras nord-est du golfe du Saint-Laurent) tout au long du XVIIe siècle. La présence basque coïncide alors avec l’extension du territoire inuit dans cette région. À partir des sources historiques et archéologiques, ce travail démontre d’abord que la navigation basque vers la région à l’étude continuait sans rupture jusqu’à vers 1700. Il montre ensuite que les Basques d’Espagne pratiquaient la chasse au phoque et que cette économie les mettait en contact direct avec les Inuit, comme concurrents ou comme collaborateurs. Enfin, ce travail analyse les traces d’influence culturelle basque dans la société inuit du XVIIe siècle.
Karine Taché, Adrian Burke, Oliver Craig
Dans le nord-est américain, la période de transition entre l’Archaïque et le Sylvicole a vu l’émergence d’une plus grande complexité sociale, la création de vastes réseaux d’interaction, et l’adoption de la poterie. Les habitants de la moyenne vallée du Saint-Laurent ont été témoins et ont participé à ces importants changements. Dans cet article, nous combinons analyses de résidus organiques et données ethnohistoriques afin de mieux comprendre l’utilisation de la poterie Vinette 1 aux sites de Batiscan et de Parc des Pins, tous deux situés dans la moyenne vallée du Saint-Laurent, QC. Nos résultats indiquent que les principales sources de résidus conservés dans les vases Vinette 1 associés à ces sites sont des ressources aquatiques et des graisses animales, avec très peu de contribution de produits végétaux. La méthodologie utilisée a permis d’identifier des substances et des pratiques culinaires impossibles à détecter autrement, fournissant ainsi de nouvelles connaissances sur des vestiges céramiques mal conservés provenant de contextes archéologiques ambigus.
Amanda Suko
La recherche archéologique sur les communautés de la période du Sylvicole supérieur dans le sud de l’Ontario a permis d’identifier deux traditions géographiquement et culturellement distinctes : le Western Basin et les traditions iroquoiennes de l’Ontario. L’étude de sites situés à la frontière de ces deux traditions a ouvert la porte à la possibilité d’étudier le potentiel du syncrétisme socio-matériel dans un contexte de régions frontalières. En utilisant la théorie de la matérialité et la théorie de la communauté de pratique, ainsi qu’une analyse basée sur le style et attributs de la poterie, cet article explore les notions de développement de l’identité et le concept de lieu à Location 3, un site frontalier datant du treizième siècles, située près d’Arkona en Ontario. Je propose que ce site fût habité par une société mobile, nouvellement établie, qui percevait la poterie comme un champ de coparticipation et d’apprentissage. Ceci aurait entrainé l’émergence d’identités sociales et de notions de lieu, ainsi que la matérialisation de répertoire de style céramiques éphémère, composés d’éléments provenant de différentes communautés.
Notes de recherche
A. Katherine Patton
Recent, renewed interest in the study of ancient indigenous NWC architecture has done much to augment our understanding of social, political, and economic relations in this region in the past. These studies have, by and large, emphasized architectural form over the practice or process of construction. Yet in other regions of the world, scholars are increasingly examining construction techniques in order comprehend the kinds of decisions that individuals and groups made with respect to building. This paper examines architectural remains from a small Middle Period (ca. 3500–1500 BP) village site in Prince Rupert Harbour, British Columbia, with the explicit intent of shedding light on the kinds of structures that the Tsimshian built in the past and, in particular, the way in which small households constructed domestic dwellings. Results suggest that, in this case, walls were not mortised as they had been in the recent past. Rather, walls appear to have been constructed using a tying and sewing technique. I suggest that this household might have used tying and sewing for a variety of reasons that include household and community size, technology, mobility, and skill.
Récemment, en raison de l’intérêt renouvelé pour l’étude de l’architecture autochtone ancienne de la Côte nord-ouest, nous avons grandement accru notre compréhension des relations sociales, politiques et économiques qui existaient autrefois dans cette région. Dans ces études, on a globalement mis l’accent sur la forme architecturale plutôt que sur les procédés de construction. Pourtant, dans d’autres régions du monde, les chercheurs se consacrent à l’étude des techniques de construction afin de pouvoir comprendre quelles décisions les personnes et les groupes ont prises en ce qui a trait à la construction de bâtiments. Dans ce document, l’auteur étudie les restes architecturaux d’un petit village de la période médiane (soit de 3500 à 1500 avant l’ère actuelle) se trouvant dans le port de Prince Rupert (Colombie-Britannique) dans le but précis de faire la lumière sur la façon dont des familles restreintes construisaient leurs habitations. Selon les résultats obtenus, il semble que, dans le cas présent, les murs n’ont pas été bâtis au moyen de mortaises comme cela avait été le cas peu de temps auparavant. Ils semblent plutôt avoir été construits au moyen d’attaches et de coutures. L’auteur croit que cette façon de faire a été utilisée pour diverses raisons dont la taille, la mobilité et l’habilité des familles et de la communauté, ainsi que la technologie dont elles disposaient.
Alicia L. Hawkins
The Standards and Guidelines for Consultant Archaeologists in Ontario (Ontario Ministry of Tourism and Culture 2011) provide instructions for the scope of specialist analyses, such as zooarchaeology and palaeobotany. This article compares the results of analysis of a subsample of faunal specimens carried out prior to the implementation of the Standards and Guidelines, but generally conforming to them, with results from analysis of all recovered faunal specimens from the same site. It shows that the nature of the sample analyzed affects interpretations about seasonality, processing, and environments used by the site inhabitants. Results suggest that the standards and guidelines for zooarchaeological analysis should be improved by 1) providing better direction about how assemblages should be sampled, 2) outlining requirements for identification tools and qualifications of analysts, and 3) including more detailed reporting standards regarding analytical decisions. Other jurisdictions that require artifact analysis as a part of cultural resource management should include similar guidelines if results are to be used for site specific interpretation or region summaries.
Les Normes et directives pour les archéologues-conseils en Ontario (Ontario Ministry of Tourism and Culture 2011) établissent les instructions à suivre en ce qui concerne la portée d’analyses spécialisées dans des domaines tels que la zooarchéologie et la paléobotanique. Cet article compare les résultats de l’analyse d’un sous-échantillon des spécimens fauniques effectuée avant la mise en œuvre des Normes et directives, bien qu’elle y soit généralement conforme, avec les résultats d’analyse de tous les spécimens fauniques provenant du même site. Les résultats démontrent que la nature de l’échantillon analysé affecte les interprétations en ce qui a trait à la saisonnalité, au traitement et aux environnements qu’utilisent les habitants du site. Ils suggèrent que les normes et directives pour l’analyse zooarchéologique doivent être améliorées en 1) clarifiant la directive sur la façon dont les collections doivent être échantillonnées, 2) identifiant les exigences en matière d’outils d’identification et de qualifications des analystes, et 3) incluant des normes plus détaillées pour les rapports sur des décisions analytiques. Les autres juridictions qui requièrent une analyse des artefacts dans le cadre de la gestion des ressources culturelles devraient inclure des directives semblables si les résultats doivent être utilisés pour des fins d’interprétation d’un site en particulier ou d’une région dans son ensemble.
Comptes-rendus
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Le Journal canadien d'archéologie est publiée de l'Association canadienne d'archéologie.
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ISSN: 0705–2006 | ISSN: 2816-2293 (online)
Commentaire/discussion
Mary E. Malainey, Gord Hill, Monique Brandt, Beryth Strong
In collaboration with the Manitoba Archaeological Society (MAS) and Association of Manitoba Museums (AMM), the Department of Anthropology at Brandon University (BU) developed a project in support of rural museums in southwestern Manitoba. The project provided museums with identifications of their precontact artifacts, gave senior undergraduate archaeology students valuable career-related experience and produced a research-quality database of the material held by three rural museums. Student participants were enrolled in a six-week long summer course called 12:441 Rural Museum Archaeological Outreach that was offered for the first time in the summer of 2015. It was deemed a success by the students, participating museums and collaborating organizations. The approach may inspire other university, archaeological society, and museum association partnerships in different parts of Canada. For those interested, a more detailed description and discussion of this project is published in Manitoba Archaeological Journal, Volume 27 and available in the fall of 2017.
En collaboration avec le Manitoba Archaeological Society (MAS) et l’Association of Manitoba Museums (AMM), le Département d’anthropologie à Brandon University (BU) a élaboré un projet d’appui aux musées ruraux dans le sud-ouest du Manitoba. Le projet a fourni aux musées des identifications de leurs artefacts pré-contact, a donné aux finissants de premier cycle en archéologie une précieuse expérience professionnelle et a produit une base de données de qualité de recherche du matériel conservé dans trois musées ruraux. Les étudiants qui ont participé ont été inscrits à un cours estivale de six semaines appelé 12:441 Rural Museum Archaeological Outreach qui a été offert pour la première fois en été 2015. Il a été considéré comme un succès par les étudiants, les musées participants et organismes collaborateurs. L’approche peut inspirer la création d’autres partenariats entre les universités, les sociétés archéologiques et les associations des musées dans les différentes régions du Canada. Pour ceux qui sont intéressés, une description plus détaillée et la discussion de ce projet sont publiées dans le Manitoba Archaeological Journal, Volume 27, et seront disponibles à l’automne 2017.