Journal canadien d'archéologie volume 13
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En dépit du fait que, dans les années récentes, les trouvailles archéologiques retiennent une importance croissante pour l'interprétation des données ethnographiques, les archéologues restent minoritaires dans la plupart des départements d'anthropologie au Canada et aux _tats-Unis. On considère ici les bases sur lesquelles il serait possible d'etablir des liaisons nouvelles entre archéologues et ethnologues qui seraient dans l'intérêt général de l'anthropologie.
Les préhistoriens sont de plus en plus confrontés à des groupes qui, à travers le monde, veulent garder leur histoire et leur patrimoine. En certains pays, cette attitude a mené à un accès significativement diminué aux données archéologiques de base et les prises de position récentes de certains porte-parole indiens du Canada montrent que ce mouvement pourrait bientôt affecter aussi l'archéologie préhistorique en notre pays. Les arguments seront que les interprétations archéologiques du passé dénigrent le patrimoine culturel et les croyances autochtones et qu'elles contribuent à l'exacerbation des problèmes sociaux et culturels des communautés actuelles. Les archéologues devraient prendre conscience des différences qui existent entre leurs interprétations et celles des porte-parole amérindiens. La question de l'origine des Indiens sert ici d'exemple à l'exposé de ces divergences.
Des pics en diabase ayant une extrémité émousée ont été trouvés dans deux sites thuléens (1100-1300 A.D.) de l'Arctique central. Ces pics ont probalement été utilisés dans la fabrication locale de récipients en dolomie. On peut encore recréer expérimentalement des surfaces bouchardées semblables sur la dolomie avec des pics emmanchés ou tenus à la main. Cette technique de fabrication des récipients thuléens ressemble à celle avec laquelle ont été faits les récipients en stéatite dans l'ouest et dans l'est des Etats-Unis. Les récipients en dolomie se retrouvent surtout les sites thuléens de l'Arctique central, alors que les vases en poterie sont communs dans l'Arctique occidental et les vases en stéatite dans l'Arctique oriental. La dolomie locale fut probablement utilisée à cette fin aux endroits où la poterie et la stéatite n'étaient accessibles qu'en petites quantités. Les lourds récipients en dolomie auraient alors été laissés aux camps d'hiver permanents quand les occupants Thuléens partaient pour leurs camps de printemps-été. La présence de poterie et de stéatite allochtones sur de tels sites témoignerait alors de l'existence de vastes réseaux d'échanges dans lesquels circulaient ces matériaux.
Le site de Pink Mountain, situé dans le piedmont oriental des Montagnes Rocheuses au nord de la Colombie-Britannique, a livré des objets qui peuvent s'échelonner sur une période de 3,000 ans remontant aux pointes cannelées. Le site paraît avoir voisiné un grand lac proglacaire. La comparaison des pièces avec des collections provenant des Montagnes Rocheuses et d'autres sites nordiques laissent entrevoir des affinités avec l'outillage des complexes de la Cordillère septentrionale, de Plano et de Cody. Les pointes cannelées de ce site sont similaires à celles qui proviennent du Charlie Lake Cave près du Fort St. John. Des nucléi de microlames et de macrolames ont aussi été recueillis de site de Pink Mountain. On présume qu'il existe une association entre une industrie de microlames et peut-être de macrolames, et celle des pointes cannelées.
Cet ouvrage esquisse une méthode pour rendre plus éloquent le témoignage archéologique du Pléistocène récent en Amérique du Nord. ¿ partir des quantités reconstituées de la biomasse impliquant la végétation et la faune, on élabore un modèle déterminant un fourrage optimal dans le corridore libre de glace au Canada occidental. On présume que les aires les plus productrices au cours du Pléistocène récent correspondent probablement aux endroits les plus propices aux établissements humains et aux sites archéologiques.
Durant la période 'Middle Prehistoric' les groupes dechasseurs-cueilleurs du Plateau canadien étaient à la fois petits et très mobiles. Ce n'est que vers 4500-3500 AA qu'on assiste simultanément à une plus grande sédentarité et à la mise sur pied d'un mode d'approvisionnement 'logistique.' Quoique les causes de ces changements ne soient pas encore complètement élucidées, nous croyons qu'elles pourraient être reliées à des variations écologiques ayant affecté l'abondance, la prévisibilité et l'accessibilité aux ongulés et aux saumons. Selon cette hypothèse, la baisse des températures et l'expansion des forêts de conifères auraient provoqué une réduction des populations d'ongulés, ce qui aurait favorisé une plus grande diversification de l'exploitation et une plus grande utilisation des saumons vers 4000 AA.
Divers artefacts de taconite provenant du site stratifié de Cummins, près de Thunder Bay, et remontant à une période d'environ 7500-9000 A.A., ont été analysés dans le but d'identifier éventuellement des traces de protéines sanguines. ¿ cette fin, nous avons utilisé une technique courante en recherches judiciares, l'électrophorèse (CIEP). Les traces archéologiques ont alors été mises en contact avec des échantillons d'anti-serum spécifiques pour différentes familles d'oiseaux et de mammifères et qui se trouvent déjà sur le marché. Il n'est alors possible d'identifier les résidus organiques qu'au niveau taxonomique de la famille. Nos résultats, qui concernent les humains, les bovins (bison), les cerfs et plusieurs autres familles de mammifères, indiquent que les immunoglobines peuvent se conserver pendant des milléniares sur les matériaux archéologiques et être identifiées.
Les archéologues qui ont analysé la concentration des ressources de la côte Nord-Ouest, ont cru que les indices fonctionnels particuliers des sites de cette région devaient undiquer la spécialisation de ces sites. Comme on a observé, ethnographiquement, un circuit d'approvisionnement et une mobilité résidentielle liés aux saisons, on a cru qu'il devait en être de même aux temps préhistoriques. En conséquence, les chercheurs ont voulu vérifier ces hypothèses en établissant la saison d'occupation des divers sites. Or, l'ethnographie nous montre aussi que les matériaux fauniques pour lesquels il est possible de préciser la saison d'acquisition peuvent être de mauvais indicateurs de la saison d'occupation d'un site. D'autres questions portant sur la complexité du site, sur les activités spécialisées qui y ont été menées et sur la subsistance peuvent être abordées avec plus de profit en considérant les données archéologiques elles-mêmes et sans dépendre des données ethnographiques.
Une interprétation des sites archéologiques occupés durant l'hiver par les Métis des plaines et des prairies canadiennes voudrait que la technologie lithique s'y soit continuée jusque dans les années 1870. Selon cette intreprétation, les outils de pierre trouvés en association avec des indices d'une technologie historique, seraient explicables par l'effet d'un mélange ethnique et par la conservation de traditions issues des Indiens. Des recherches récentes sur trois sites d'hiver de 1a Saskatchewan remettent cette interprétation en question et l'examen plus approfondi de l'évidence présentée pour soutenir la présence d'une technologie lithique sur d'autres sites montre que l'interprétation antérieure est équivoque. Cet article montre que l'interprétation de taille de la pierre à ces sites d'hiver repose davantage sur des circonstances fortuites que sur la réalité historique.
La vannerie et le cordage recueillis au site Lachane fournissent de nouveaux renseignements concernant la préhistoire du nord de la côte Nord-Ouest. On effectue une étude comparative de ces objets en utilisant les caractères (mode), les classes (types) et les catégories fonctionnelles. On compare la vannerie de Lachane à la vannerie historique des Tsimshian, des Haida et des Tlingit en utilisant divers testes d'analyse vectorielle. Les résultats indiquent un degré étroit de similitude entre la vannerie préhistorique et historique des Tsimshian. Comme Lachane est au coeur de l'évolution culturelle des Tsimshian, on en déduit une continuité culturelle. L'analyse du cordage de Lachane souligne l'importance placée sur les cordes tordues à brins multiples d'écorce de cèdre. Ce cordage est similaire à la technique de cordage observée sur un autre site humide septentrional, Axeti, mais se trouve en contraste avec les techniques observées dans les sites humides au sud de la côte Nord-Ouest. Ceci peut indiquer un style, septentrional vs mériodional, de fabrication de la corde. L'analyse de la vannerie et du cordage de Lachane démontre à quel point les objets de cette nature sont utiles à la recherche en préhistoire sur la côte Nord-Ouest.
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