Journal canadien d’archéologie volume 38, numéro 1
Notes du rédacteur
Articles
Le 14 septembre 2013, les ossements de douze sites ancestraux huron-wendat, soit les squelettes de 1700 personnes, ont été ré-inhumés à l’Ossuaire Thonnakona à Kleinburg, en Ontario. Cet événement était l’aboutissement de plusieurs années de discussions et de planifications entre la Nation huronne-wendat et l’Université de Toronto. Au Canada, ce type de transfert d’autorité institutionnelle est nécessairement un processus itératif. Ce court article décrit le contexte de l’événement et confirme notre intention mutuelle d’entretenir une relation forte grâce à laquelle nous continuerons d’en apprendre davantage sur les ancêtres.
Le 14 septembre 2013, les ossements de douze sites ancestraux huron-wendat, soit les squelettes de 1700 personnes, ont été ré-inhumés à l’Ossuaire Thonnakona à Kleinburg, en Ontario. Cet événement était l’aboutissement de plusieurs années de discussions et de planifications entre la Nation huronne-wendat et l’Université de Toronto. Au Canada, ce type de transfert d’autorité institutionnelle est nécessairement un processus itératif. Ce court article décrit le contexte de l’événement et confirme notre intention mutuelle d’entretenir une relation forte grâce à laquelle nous continuerons d’en apprendre davantage sur les ancêtres.
La grotte de Rattlesnake (DgOw-20) est un petit abri rocheux situé dans la Rocky Coulee, juste à l’extérieur de la limite ouest du parc provincial de Writing-on-Stone, au centre-sud de l’Alberta. On trouve, dans cet abri, près de 40 pictogrammes pâlis, à demi-effacés ; ils sont tous tracés en noir, mais quelques-uns montrent également des traces de pigment rouge. Au moyen d’une technique d’optimisation des couleurs, un examen approfondi révèle que le rouge était utilisé pour décrire le sang des blessures des êtres humains et des chevaux, aussi bien que les traînées sanglantes montrant le déplacement effectué par ces individus blessés. On pense qu’il s’agit là du premier exemple de l’usage de la couleur rouge dans les Grandes Plaines pour figurer le sang sur des dessins au trait noir. Ces derniers représentent des êtres humains, des animaux et des éléments de culture matérielle, et nous proposons neuf compositions narratives – portant essentiellement sur des combats et des vols de chevaux – pour rendre compte des actions décrites sur le site DgOw-20. Le site de Rocky Coulee peut être considéré comme un point focal dans la région pour la création d’un art rupestre de style biographique, tandis que le site voisin DgOv-2 peut être considéré comme l’épicentre de l’art rituel.
Sept tessons de poteries ancestrales Mi’kmaq (de la période Sylvicole) excavées de L’sitkuk de Bear River ( « LBR »; numéro Borden BdDk-1) et des sédiments provenant du bassin de l’Annapolis, de ses affluents, et d’ailleurs dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, ont été soumis à des analyses chimiques dans le but de (1) caractériser chimiquement ces objets en céramiques, et (2) identifier la source des matières premières utilisées dans leur fabrication afin de confirmer que ces artefacts ont bien été produits à proximité du lieu où ils ont été trouvés. Les résultats ont permis d’identifier deux regroupements compositionnels de poterie et un échantillon anormal. Un groupe (le Groupe A) est riche en divers éléments-traces (notamment des éléments de terres rares et certains éléments à champ d’intensité élevé). Les résultats d’analyses multidimensionnelles (de la statistique exploratoire) montrent que ce groupe est géochimiquement apparenté aux sables et aux argiles les plus riches en aluminium de la zone du Bassin d’Annapolis/Bear River ainsi qu’aux granodiorites à biotite désagrégés, dérivés des plutons Dévoniens affleurants à l’intérieur des terres. Les tessons à faibles concentrations de ces éléments-traces (le groupe B) sont apparentés aux argiles provenant de la Rivière Annapolis, et sont épuisées en constituants granodioritiques. La composition de l’échantillon anormal est similaire à celle du Groupe B, à l’exception de la présence de certains grains distincts hautement caractérisés (grains de biotite riche en magnésium, par exemple). La signature en éléments-trace des poteries LBR est contrôlée en grande partie par les minéraux accessoires, en particulier les phosphates tels que la monazite provenant, en partie du moins, de la granodiorite. Les grains de granodiorite hautement caractérisés présents dans les tessons lient de façon plus certaine ces céramiques à cette zone de production, que les autres matériaux utilisés dans leur fabrication. Bien que le secteur soit reconnu comme un lieu important de commerce et d’assemblé avec une séquence culturelle continue entre ca. 2150 et ca. 950 B.P., les données analytiques présentés ici suggèrent que la poterie LBR, y compris l’échantillon anormal, ont été fabriqués dans le secteur, et que les potiers des terres ancestrales Mi’kmaq choisissaient avec une attention particulière, les matières premières qu’ils utilisaient pour fabriquer leurs objets.
La question de l’émergence des pratiques funéraires collectives est centrale pour notre compréhension des comportements de coopération au sein des groupes et de leur évolution. Nous présentons ici une étude préliminaire de l’un des plus anciens cimetières présentement connus dans la région Centre-Sud de l’Ontario. Ce cimetière est situé dans une zone étroite et circonscrite (0.5 ha) de l’île Jacob, donnant sur le lac Pigeon dans le district des Kawartha Lakes. Cet article propose un résumé des résultats obtenus à ce jour, plus particulièrement axé sur les modes d’inhumation, l’analyse des paléo-diètes, du matériel associé aux sépultures et de leur chronologie. Nos travaux ont permis de mettre en évidence une existence ancienne de cimetière dans le sud de l’Ontario, remontant au cinquième millénaire B.P. Nous démontrerons ici comment ces pratiques funéraires peuvent être reliées à celles, beaucoup mieux documentées, des deuxième et troisième millénaires B.P.
Le port de Prince Rupert est une région phare dans la préhistoire de la cote Nordouest. Cette région a une résonance à travers le monde archéologique comme une example classique de l’évolution de la complexité sociale et politique dans les societies chasseurs-cueilleurs-pêcheurs. Il en est ainsi grace au record archéologique extraordinaire de du port, à sa longue histoire de la recherche archéologique, et plus important encore, le people du Cote Tsimshian et leur engagement profond et constant dans leur histoire et de leur archive orale: la adawx. Il existe cependant un abime entre l’histoire racontée dans la recherché archéologique et celui des chercheurs Cote Tsimshian. Un effort essentiel de la recherche archéologique dans le port a été de construire des ponts d’inférence pour enjamber cette abime. Nous effectuons un compte rendu de l’histoire de l’archéologie dans le port de Prince Rupert pour faire valoir que la synthèse de cette divergence est possible. Mais afin de le faire, il est essentielle de résoudre trois défis récurrents: des problemes d’échantillonnage, la diversité des approches théoriques en archéologie et de la complexité du sujet historique. La portée de ce dernier nous est visible par l’intermédiaire du adawx. Ces défis confrontent les archéologues partout au monde, mais est peut-être plus urgent où les archéologues et chercheurs autochtones travaillent activement pour enjamber l’abime.
Au cours des vingt dernières années, l’utilisation des Systèmes d’information géographique (SIG) dans le domaine de l’archéologie a transformé la façon dont des données spatiales sont recueillies, gardées et analysées. Cependant, l’adoption des SIG à l’archéologie est inégale. Sur la côte du nord-ouest, le plein potentiel des SIG n’est pas encore réalisé, à la fois comme un outil pour gérer les données et pour l’analyse des paysages à des échelles multiples. Dans cet article, nous présentons les résultats des recherches récentes au Port de Prince-Rupert, où nous combinons les données archéologiques, les analyses des SIG et les questions sociales afin d’explorer les enjeux importants dans le domaine de l’archéologie de la côte du nord-ouest. Ce projet démontre que les tendances régionales de l’interaction et les changements d’établissement au fil du temps au Port de Prince-Rupert sont étroitement liées aux relations sociales, aux contingences historiques et à la mémoire. Nous soutenons qu’une mise en pratique théoriquement robuste des SIG aux données archéologiques est un domaine important de recherche sur la côte Nord-Ouest et qu’elle apporte des conséquences significatives pour les conclusions que nous tirons sur la dynamique sociale et sur l’interaction dans le temps.
Je décris dans cette étude les dimensions naturelles et anthropiques des coupes côtières sur lesquelles se sont concentrées les occupations humaines dans les Southern Gulf Islands de Colombie Britannique au cours des 5,000 dernières années. Les données géomorphologiques et archéologiques me permettent de décrire comment les modifications anthropiques, la monumentalité et les intentions humaines se sont articulées pour soutenir le développement de systèmes de propriété et des inégalités sociales dans le monde Coast Salish au cours de l’Holocène récent.
Avant l’arrivée des Européens, les peuples de la mer des Salish vivaient dans des environnements riches en ressources naturelles qu’ils savaient exploiter. Les recherches les plus récentes suggèrent que leur mode de vie complexe reposait sur la production d’une variété de plantes et d’animaux plutôt que sur une seule ressource, en l’occurrence, le saumon. Bien que le saumon ait joué un rôle crucial, il importe de considérer plusieurs pistes d’information afin de mieux définir les modes de subsistance, l’intensification des ressources et, enfin, les changements sociaux. L’intensification et la gestion des ressources terrestres, plus particulièrement des plantes, représentent un domaine important, mais peu étudié. Ce travail présente des données sur l’utilisation du feu par les Salish, un outil leur ayant permis de remodeler le paysage et d’accroître leur production sur le site de Shingle Point (DgRv-002), sur l’île Valdes, au sud-ouest de la Colombie-Britannique. Les registres de la région sur le charbon de bois sont utilisés pour reconstituer les pratiques de combustion et explorer le rôle du feu anthropique comme levier de changement social pendant plus de cinq millénaires. Les méthodes et les données présentées ici offrent de nouvelles avenues de recherche et un moyen d’élargir les connaissances sur l’émergence de la complexité sociale dans la région de la mer des Salish.
Ce rapport de recherche présente les resultats d’une étude archéologique de Salmon et Narrows Inlet, dans le territoire traditionel de la Première Nation shíshálh sur la Sunshine Coast en Colombie Britannique. Il porte principalemnet sur les sites d’habitation ayant des dépôts de coquillages. Une analyse détaillée des composantes des échantillons de tarière permet d’explorer les genres d’activités humaines et les processus post-dépôt qui ont formé ces sites. Les données de ces analyses peuvent ensuite être utilisées pour former des hypothèses à propos de l’établissement et la subsistance. Les sites d’habitation se situent près d’une resource productive isolée sur un petit morceau de terrain ainsi que des points d’accès qui auraient permis aux gens de surveiller et de contrôler le movement dans les bras de mer. Les indicateurs préliminaires suggèrent un peuplement qui était, à l’occasion, semblable à la documentation ethnographique du peuple shíshálh où l’on retrouve des gens qui se déplacent de grosses aggrégations d’hiver sur la côte extérieure à de plus petits camps dispersés dans les bras de mer, débutant au printemps et continuant jusqu’à l’automne. Cette étude contribue une analyse d’un paysage particulier qui peut être ajouté au répertoire des connaissances croissantes de la ‘mosaïque’ diverse de l’historique de l’établissment et l’utilisation des terres à travers la côte nord-ouest.
Comptes-rendus
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ISSN: 0705–2006 | ISSN: 2816-2293 (online)