Knut R. Fladmark

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2013

Discours de remise de prix – Dr Fladmark

 

Le docteur Fladmark a contribué à un vaste éventail de sujets archéologiques, a dirigé d’innombrables étudiants en archéologie et a représenté un mentor pour nous-mêmes et pour d’autres professionnels de notre domaine.

Ce qui distingue la carrière universitaire du docteur Fladmark, c’est qu’il est toujours à l’avant-garde. Qu’il s’agisse d’archéologie domestique, de micro-débitage ou de voies de migration, ses recherches ont constamment eu des années d’avance par rapport aux autres dans ce domaine. Pour ce qui est de la « voie de migration côtière », ce n’est que très récemment que ce paradigme a finalement été intégré à l’archéologie, et le modèle du docteur Fladmark a été largement adopté. Ce qui est le plus remarquable dans ce fait, c’est qu’à l’origine il avait proposé ce modèle en se basant sur de maigres données géomorphologiques et archéologiques, particulièrement si on les compare au corps de recherches actuelles sur la géomorphologie et l’archéologie du début de l’Holocène. Le fait que l’article du docteur Fladmark dans American Antiquity ait été cité 100 fois dans le Web of Science reflète la place essentielle que ce modèle continue d’occuper dans cette importante discussion archéologique. On voit rarement des travaux tels que ceux-ci avoir une durée de vie de près de 40 ans !

Un autre témoignage de la carrière universitaire du docteur Fladmark est le fait qu’en 1980 il a mené des recherches conçues pour découvrir des preuves de ce qui était alors le principal modèle alternatif à celui de la voie côtière : la voie du continent. Pour ce faire, lui et John Driver ont fouillé le site de la grotte du lac Charlie, au cœur même de ce supposé corridor. Cette recherche a résulté en plusieurs publications qui ont démontré que l’occupation la plus ancienne de ce corridor était d’au moins mille ans plus tardive que le peuplement initial de l’Amérique du Nord. Il y soutenait que les données indiquaient clairement un mouvement de population venue du sud pour s’installer dans la région du Fort St. John, en suivant la fonte des glaces. Cette hypothèse s’est avérée prémonitoire, car une recherche postérieure sur l’ADN de bison fossile provenant du site a montré la présence de deux populations, l’une migrant du nord et l’autre du sud. Cela indique que cette zone n’était devenue propice à de grandes populations de mammifères qu’après le début du retrait des glaces.

Les contributions du docteur Fladmark vont bien au-delà des études sur les paléo-indiens ; elles comprennent également ses analyses lithiques au moyen de sondages extrêmement détaillés et des paléo-environnements du gisement d’obsidienne du mont Edziza, en amont de la rivière Stikine, ainsi que l’utilité de ses études et analyses du micro-débitage. Le docteur Fladmark s’est également intéressé à des périodes plus tardives, en étudiant certains aspects des peuples athapascans du centre-nord de la Colombie-Britannique et leur rôle dans la traite des fourrures dans plusieurs postes de traite à travers la Colombie-Britannique.

Le docteur Fladmark est très largement reconnu pour s’être consacré de manière novatrice à son enseignement au Département d’archéologie de l’Université Simon Fraser. Même s’il travaillait à temps partiel dans notre département depuis le milieu des années 1980, il a systématiquement donné des cours variés et remplis d’informations, dirigé de nombreux étudiants et prodigué inspiration et conseils à ses collègues de la faculté. Au cours de sa carrière à l’Université Simon Fraser, le docteur Fladmark a dirigé 13 mémoires de maîtrise et 3 thèses de doctorat. Tous les cours du docteur Fladmark partagent des éléments similaires : la prise en compte d’hypothèses alternatives, l’incorporation de recherches originales et nouvelles, une bonne compréhension des paléo-environnements, un travail en étroite collaboration avec les Premières nations, le récit d’anecdotes de terrain et bien sûr, le plaisir d’une bière à l’occasion !

Le docteur Fladmark a eu une grande influence sur des générations d’archéologues de terrain en Colombie-Britannique et au-delà. Ayant dirigé plusieurs chantiers-écoles, il a fait connaître aux étudiants des méthodes de fouilles rigoureuses. Dans tout le Canada et l’Amérique du Nord, les chantiers-écoles emploient toujours son ouvrage, A Guide to Archaeology Field Procedures. L’essentiel de ce texte, enrichi des propres dessins du docteur Fladmark, reste aussi pertinent aujourd’hui que lorsqu’il l’a écrit, il y a 35 ans. Il n’y a rien d’étonnant à ce que les étudiants de second et de troisième cycle du docteur Fladmark peuplent notre champ disciplinaire, depuis la Gestion des ressources culturelles, les chercheurs travaillant pour les Premières nations, jusqu’aux universités.

Enfin, le docteur Fladmark a fait beaucoup pour faire connaître au grand public, par l’éducation et l’engagement, l’archéologie au Canada. Son livre, British Columbia Prehistory, conçu pour le grand public, fait la synthèse d’une énorme masse d’informations sur le passé de la région, et il se lit pourtant avec plaisir. L’influence des recherches du docteur Fladmark sur le grand public est illustrée de manière spectaculaire par le fait qu’une recherche Google au moyen des mots « Fladmark archaeology » donne quelque 75 000 résultats ! Rien n’est plus approprié que de faire au docteur Fladmark l’honneur du prix Smith-Wintemberg. Ses recherches, son enseignement et son dévouement à la communauté des archéologues du Canada n’ont pas d’équivalent. Sans aucun doute, il a apporté une contribution hors pair à l’avancement de la discipline de l’archéologie et à notre connaissance du passé archéologique du Canada. Il est difficile d’imaginer plus digne que lui de cet honneur.

Nommé par

R. Reimer, D. Lepofsky, A. Cannon, R.L. Carlson, A. McMillan