E. Leigh Syms

Award received: 
Date award received: 
2004
E. Leigh Syms
E. Leigh Syms

Le docteur E. Leigh Syms a eu une carrière de précurseur, éminente et active, en archéologie canadienne. Il a considérablement contribué à la discipline par le biais de ses accomplissements aux niveaux universitaire, muséal, de gestion des ressources culturelles, des relations avec les Premières nations, et de sa participation à la vie professionnelle de la discipline. Ce qu’il a accompli au cours de sa carrière fait de lui l’une des figures les plus importantes de l’archéologie canadienne et il répond pleinement aux critères d’attribution du prix Smith-Wintemberg.

Leigh a obtenu son doctorat à l’Université de l’Alberta en 1976, bien que son implication active en archéologie canadienne ait débuté une décennie plus tôt. Il enseigna à partir de 1972 à la Brandon University, où il était membre de la faculté, jusqu’à ce qu’il devienne conservateur au Département d’archéologie au Manitoba Museum of Man and Nature (devenu aujourd’hui plus simplement The Manitoba Museum). En retraite à présent, il reste néanmoins actif dans la communauté archéologique. Au cours de sa carrière, il a apporté d’importantes contributions à l’archéologie, et ce, de bien des manières. Il a créé le programme d’archéologie à la Brandon University ; il est toujours professeur adjoint au Département d’anthropologie de l’Université du Manitoba, et il y a été superviseur, ou membre du comité d’évaluation, d’une douzaine de doctorants des départements d’anthropologie, de géologie et d’études islandaises. Ses publications sont au nombre de 116, parmi lesquelles 45 sont des rapports de recherches, 26 sont des articles (dans des revues savantes avec évaluation par les pairs ou non), 7 sont des chapitres de livres, 17 des articles grand public sur l’archéologie et trois des monographies publiées. Que ce soit dans un contexte universitaire ou muséal, il s’est régulièrement vu attribuer de substantielles subventions de recherches. Au Manitoba Museum, il a monté seize expositions, dont la dernière est l’importante exposition permanente « Parkland/Mixed Woods » (sur la zone de transition entre prairie et forêt). Il a prononcé 36 communications lors de conférences professionnelles et effectué 83 présentations pour le grand public. Des revues telles que le Journal canadien d’archéologie et Plains Anthropologist ont sollicité sa grande érudition pour évaluer d’innombrables articles, et il a été le répondant de nombreuses candidatures aux subventions du CRSH ainsi qu’à la National Science Foundation. Il a œuvré inlassablement, en compagnie d’un groupe important d’archéologues du Manitoba, à adapter et étendre la capacité et la pertinence du Réseau canadien d’information sur le patrimoine aux besoins locaux en matière d’archéologie.

Leigh a également servi la discipline dans un certain nombre de fonctions administratives. Il est membre de longue date de l’Association canadienne d’archéologie, de la Plains Anthropological Association, et de l’Association of Manitoba Archaeologists. Il a été président de chacune de ces associations, en plus d’avoir été vice-président de l’ACA et directeur du Conseil d’administration de la Plains Anthropological Association. Il a fait partie du comité-conseil des ressources historiques du Manitoba Heritage Council, le comité d’où est issue la Loi de 1984 sur les ressources patrimoniales du Manitoba, ainsi que du comité-conseil de la Forks Renewal Corporation (pour le renouveau du quartier de La Fourche, au centre de Winnipeg). Il a plaidé la cause de la communauté archéologique en étant membre à la fois de la Manitoba Archaeological Society et de l’Archaeological Society of Southwestern Manitoba, ainsi qu’en étant le rédacteur de la publication de cette dernière association, Archae-Facts.

Leigh a apporté des contributions fondamentales à l’archéologie canadienne dans trois domaines. Le premier est la façon dont il a promu l’archéologie avec, pour et par les communautés autochtones. Sa façon de plaider cette cause a pris la forme de la formation d’archéologues autochtones par le biais d’un Programme de stages muséaux pour les Autochtones, et d’une coopération avec les communautés autochtones sur le plan de leurs préoccupations et de leurs besoins en matière de patrimoine, en particulier en ce qui concerne la ré-inhumation des restes humains et des objets funéraires qui leur étaient associés, de la gestion des collections au nom des communautés autochtones, de l’accès des membres des communautés aux collections, du respect dans la présentation et l’interprétation des objets autochtones, et de la création d’expositions éducatives de matériel autochtone à l’intention des communautés des Premières nations. Le second des grands domaines auxquels Leigh a contribué est l’archéologie à destination du grand public. Il a fondé et régi le Club des jeunes archéologues et, par son intermédiaire, a donné à d’innombrables jeunes la possibilité d’explorer le monde merveilleux que représente l’archéologie. Sa troisième contribution d’importance est la façon dont il a redéfini le rapport archéologique. Kayasochi Kikawenow, co-rédigé avec Kevin Brownlee (qui est lui-même un Cri, membre du Club des jeunes archéologues et diplômé du Programme des stages muséaux pour les Autochtones), est le rapport de recherche sur une sépulture érodée, celle de la « Femme de la baie Nagami ». L’ouvrage associe texte, illustrations et données à différents niveaux, ce qui le rend compréhensible, pertinent et intéressant autant pour les lecteurs autochtones que non autochtones, autant pour un public jeune que professionnel. Il s’agit d’une nouvelle forme de publication qui répond à la question si souvent posée de savoir pourquoi il y a si peu d’intérêt, de financement et de soutien public et politique pour l’archéologie. Cet ouvrage représente donc la synthèse des trois domaines dans lesquels Leigh a apporté ses innovations et ses contributions. En un unique volume, il présente tous les niveaux d’investigation de l’archéologie au public le plus large possible. Cet ouvrage a été co-rédigé avec un Autochtone et il incorpore les résultats d’un grand nombre de consultations auprès d’une communauté autochtone spécifique. Enfin, il fait partie d’une relation réciproque entre archéologues et Autochtones qui inclut consultation, gestion des ressources, enseignement et, plus important, respect mutuel. Ce respect était tel que le chef et le conseil de la Première nation Nisichawayasick ont donné en grande cérémonie à Leigh et à chacun de ceux qui avaient travaillé directement avec lui, une plume d’aigle, honneur qui n’avait été conféré qu’une seule fois auparavant, lors du retour dans leur communauté des soldats qui avaient fait la guerre.

Leigh Syms a élevé les critères d’engagement, de plaidoyer et d’innovation dans le domaine de l’archéologie, ces critères devant être dorénavant l’objectif des archéologues canadiens. Il a ouvert la voie dans la mise en œuvre de la déclaration de l’Association canadienne d’archéologie, l’Énoncé de principes éthiques touchant les peuples autochtones, et il a été exemplaire dans la façon dont il a apporté l’archéologie au grand public au moyen de la participation des jeunes, et par le biais de ses publications. Il a été un activiste de l’archéologie, pour la science de l’archéologie elle-même et pour les peuples autochtones. La question qu’il nous pose à tous est : les archéologues canadiens sauront-ils suivre la voie qu’il a tracée ?

Greg Monks

 « Sur le terrain », photographie de Rob Barrow.

« Dans le laboratoire », photographie de Don Benson.