Le prix Smith-Wintemberg est décerné aux membres de la communauté archéologique canadienne ayant apporté une contribution exceptionnelle à l’avancement de la discipline de l’archéologie, ou à notre connaissance du passé archéologique du Canada. Nous ne sommes pas obligés d’attribuer ce prix, et certaines années, nous ne le faisons pas. Ce prix est décerné à nos meilleurs chercheurs. Cette année, le prix Smith-Wintemberg revient au Dr. Michael Spence.
Comme pour beaucoup d’entre nous, l’intérêt de Mike pour l’archéologie a commencé à se manifester dès le secondaire et s’est aiguisé au Département d’anthropologie de l’Université de Toronto où il a obtenu son BA en 1963. Cela a été suivi par une maîtrise en 1964, toujours à l’Université de Toronto, puis par un PhD en 1971 à la Southern Illinois University. De là, Michael a fait son chemin jusqu’à London, Ontario, où il a accepté un poste au Département d’anthropologie de l’University of Western Ontario. Progressant toujours dans la hiérarchie, il s’est vu attribuer la Chaire Lawson en archéologie canadienne en 2003. Il a pris sa retraite en 2006, mais n’a jamais cessé de scruter le passé. Aujourd’hui professeur émérite, il continue de mener des recherches et de publier beaucoup. En fait, un chapitre qu’il vient de rédiger dans Before Archaeology vient de se mériter le Prix de communication publique de l’ACA (2014).
La carrière de Mike a été très diversifiée, autant sur le plan méthodologique que géographique. Il a mené des recherches à la fois en tant qu’archéologue et que bio-archéologue et a apporté des contributions majeures dans deux régions distinctes – dans celle des Grands lacs, où ses recherches sur la période sylvicole nous ont permis de comprendre considérablement mieux le passé du Canada, et en Mésoamérique, où ses travaux et ceux de ses étudiants et collègues ont permis à la recherche canadienne de prendre sa place dans le monde. D’après la plus récente bibliographie dont je dispose, Mike a publié plus de 125 travaux, dont des monographies, des chapitres de livres et des articles ; il apparaît régulièrement dans nos meilleures revues, telles que American Antiquity, Current Anthropology, World Archaeology et notre propre Canadian Journal of Archaeology. Il est stupéfiant qu’il ait publié huit articles dans American Antiquity ou Latin American Antiquity, quand beaucoup d’entre nous seraient heureux d’en publier ne serait-ce qu’un seul.
Lors du lancement du programme d’études de second cycle du Département d’anthropologie de l’UWO, à la fin des années 1990, Mike était un directeur d’études très recherché. Il a dirigé treize étudiants à la maîtrise qui travaillaient à la fois en Ontario et en Mésoamérique, et il parle d’eux avec affection, disant qu’il a autant appris d’eux qu’ils ont appris de lui. Cette admiration est réciproque. Un ancien étudiant, qui fait partie de ceux qui l’ont nommé pour ce prix, écrit : « Son amour de l’archéologie – que ce soit sur le terrain ou au labo – est contagieux au plus haut point. Beaucoup d’étudiants auxquels il a enseigné font à présent carrière sur le terrain parce qu’il nous a communiqué sa curiosité et ses motifs de fascination ».
Mike a également communiqué sa passion du passé à des communautés extérieures au monde universitaire. Bien avant que l’on n’attende des archéologues, et de fait des universitaires en général, qu’ils entrent en contact avec les communautés, Mike publiait pour le grand public dans des périodiques tels que Kewa, le bulletin du chapitre de London de l’Ontario Archaeology Society. Il est régulièrement consulté par l’Ontario Forensics Pathology Service, les forces de police et des communautés des Premières nations, et les aide dans leurs investigations lorsque des restes humains sont découverts et à déterminer le traitement qui leur convient sur le plan éthique.
Et il a fait tout cela, ce qui est remarquable, avec élégance et bonne grâce, toujours d’abord facile et désireux de discuter d’idées et de recherches tant avec ses collègues qu’avec ses étudiants. C’est une personne « aimable » au plein sens du terme.
Ainsi que le dit l’une des (nombreuses) personnes qui ont proposé sa nomination : « Cela m’étonne profondément qu’il ne fasse pas partie d’institutions telles que la Royal Society of Canada – mais Mike a toujours été très modeste et assez indifférent aux récompenses et autres choses de ce genre. Je pense aussi que Mike est l’une des personnes les plus éthiques et gentilles que j’aie jamais rencontrées, archéologues ou autres : c’est un humaniste de première grandeur ».
Je suis ravi que le prix Smith-Wintemberg ait été décerné à Mike. Il représente vraiment le meilleur des meilleurs d’entre nous.