Donald H. Mitchell

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1998
Donald H. Mitchell
Donald H. Mitchell

Il est rare de découvrir quelqu’un qui excelle dans tous les domaines d’une discipline, et en particulier d’une discipline aussi diversifiée que l’archéologie. La carrière exceptionnelle de Don Mitchell dans l’archéologie de la côte Nord-Ouest a commencé à la fin des années 1950 alors que, tout juste diplômé en études commerciales, il se mit à suivre les cours du soir en anthropologie à l’University of British Columbia. Attiré par l’archéologie, il se fit connaître de Charles Borden, en travaillant sur des sites anciens du canyon du Fraser. Cela l’amena à rédiger un mémoire de maîtrise en 1963 sur le site d’Esilao, début d’une carrière distinguée de 40 ans – carrière qui n’est certes pas terminée.

La carrière de Don se distingue par sa rigueur scientifique, par son innovation dans l’étude des économies de la côte Nord-Ouest sur le plan archéologique et anthropologique, et par l’accent qu’il a mis sur le service public et l’enseignement. Don a commencé à enseigner à l’Université de Victoria en 1965, trois ans avant d’obtenir son doctorat à l’Université de l’Oregon, et il y a enseigné jusqu’à sa retraite en 1995. Il y a détenu la première chaire du Département d’anthropologie et a progressé jusqu’au rang de professeur titulaire en 1984. La version publiée de sa thèse de doctorat (Mitchell 1971) introduisait le concept de « type culturel » en archéologie de la côte Nord-Ouest. Ses descriptions détaillées du développement culturel in situ dans le détroit de Georgia est encore à ce jour un modèle d’écriture élégante, d’attention aux détails et de prudence dans l’interprétation. Le concept de « type culturel » fut élaboré en opposition aux regroupements en « phases archéologiques » de sites saisonniers qui, considérés dans leur ensemble, pouvaient représenter la signature archéologique des déplacements annuels.

Bien que l’analyse faunique n’ait pas fait partie de sa thèse, Don est plus tard devenu un pionnier des comptages d’échantillons et autres techniques quantitatives de la zooarchéologie, et il forma de nombreux analystes fauniques de pointe en Colombie-Britannique. Cela résulta en un important pas en avant dans la compréhension en termes écologiques de l’histoire longue, point de vue scientifique qui est désormais dominant dans l’archéologie de la côte Nord-Ouest. La splendide collection comparative d’ossements qu’il a élaborée, avec Becky Wigen, à l’Université de Victoria, est un heureux produit dérivé de ce centre d’intérêt. L’analyse faunique convenait bien à l’attention que Don portait aux détails et à l’approche interdisciplinaire ; par exemple, il compilait systématiquement des données sur les migrations des oiseaux dans la région de Victoria, car aucune autre donnée n’était disponible autrement.

Don fut également un pionnier de l’association des recherches ethnologiques, ethnohistoriques et archéologiques. Il était conscient que les données ethnographiques étaient incomplètes et que d’autres sources, textuelles, étaient essentielles pour interpréter les données archéologiques. Grâce à ses recherches ethnohistoriques, la plupart en collaboration avec Leland Donald, Don a apporté une contribution durable à la fois à l’anthropologie sociale et à l’histoire, et a fait progresser nos interprétations de la préhistoire du Nord-Ouest.

Don s’intéressait surtout à la région du détroit de Georgia, bien qu’il ait aussi travaillé dans le détroit de la Reine-Charlotte et dans les régions de l’intérieur de la Colombie-Britannique. À l’Université de Victoria, il a dirigé 22 étudiants de maîtrise, et a siégé sur les comités d’innombrables autres étudiants, y compris des doctorants d’autres départements et institutions.

Ce qui fait la marque de tout archéologue universitaire, c’est la somme de ses publications. Don compte plus de 35 publications, et cette somme s’agrandit toujours : l’ouvrage qu’il a dirigé (avec Pamela Smith), Bringing Back the Past: Historical Perspective on Canadian Archaeology vient d’être publié (Smith and Mitchell 1998). Il a également prononcé de nombreuses communications lors de conférences et en tant que conférencier invité.

Cependant, Don n’est pas un scientifique indifférent, enfermé dans sa tour d’ivoire. Il a joué un rôle décisif dans le développement de la profession et dans la diffusion de ses résultats. Il a participé, en particulier, à la rédaction et aux discussions portant sur tous les aspects de la législation sur la protection du patrimoine en Colombie-Britannique, en siégeant depuis le début au comité-conseil sur les sites archéologiques, au comité-conseil sur le patrimoine provincial au moment des audiences du « Project Pride », et pendant de nombreuses années au comité du British Columbia Heritage Trust. Il a encore servi la profession en tant que rédacteur du Journal canadien d’archéologie, de 1982 à 1985.

Dans un rôle plus public, il a siégé au Comité de révision des études sociales à l’école primaire, du Ministère de l’Éducation de la Colombie-Britannique, qui introduisit l’anthropologie et les sciences sociales dans les programmes de l’école primaire. Il a également conçu différents matériels pour l’enseignement public, y compris plusieurs jeux de diapositives pour l’enseignement et une vidéo sur la vannerie. En encourageant l’Archaeological Society of British Columbia à participer aux chantiers écoles de l’Université de Victoria, Don a apporté une importante contribution à la vigueur de la section locale de cette association. Parmi ses publications, on compte de nombreuses contributions à des ouvrages de référence, entre autres le volume 7 (Northwest Coast) et le volume 12 (Plateau) du Smithsonian Handbook of American Indians, ainsi qu’à l’Encyclopedia of World Cultures.

Ainsi que l’a fait remarquer Leland Donald, tout le travail de Donald se caractérise par une attention consciencieuse et un respect des données qu’il s’efforçait de comprendre. Il se refusait aux généralisations spectaculaires et tapageuses, et ne se livrait qu’à des conclusions absolument avérées par les données. Son intérêt inébranlable pour l’enseignement, la recherche, l’administration, la valorisation du patrimoine, l’édition, l’écriture et l’enseignement public a donné à tous ceux qui s’intéressent à l’anthropologie et à l’archéologie de la côte Nord-Ouest des fondations solides sur lesquelles bâtir.

Quentin Mackie

(Merci à Leland Donald, Sharon Keen et Becky Wigen)

Référence citée

Smith, P.J. et D. Mitchell

1998 Bringing Back the Past: Historical Perspectives on Canadian Archaeology. Archaeological Survey of Canada Mercury Paper # 158, Musée canadien de la Civilisation, Hull.