Journal canadien d'archéologie volume 45, numéro 2 • 2021
Numéro thématique :
Travaux archéologiques récents sur les Hurons-Wendat et les Iroquoiens du Saint-Laurent
rédacteurs invitées: Alicia L. Hawkins,
Christian Gates St-Pierre et Louis Lesage
Articles
Christian Gates St-Pierre, Alicia L. Hawkins, Louis Lesage
Christian Gates St-Pierre, Alicia L. Hawkins, Louis Lesage
Heather Walder, Stéphane Noël
Des perles de verre provenant des fouilles de 2018 sur le site de la mission Notre-Dame-de-Lorette (CeEu-11), à L’Ancienne-Lorette (Québec), ont fait l’objet d’une analyse par spectrométrie de masse couplée à l’ablation au laser (LA-ICP-MS). Cette analyse peu destructrice, réalisée avec l’accord de la Nation huronne-wendat, a fournie des informations sur les recettes de verre utilisées dans la fabrication des perles, et peuvent être comparées à d’autres échantillons analysés dans l’est de l’Amérique du Nord. Cet article présente les résultats de l’analyse chimique de 78 perles de verre (principalement des perles bleues et blanches simples et étirées) et compare celles trouvées à L’Ancienne-Lorette avec d’autres perles provenant de sites Huron-Wendats du 17e siècle à l’ouest des Grands Lacs et dans le sud de l’Ontario. Ces sites ont été occupés avant et après la dispersion (v. 1650) du peuple Huron-Wendat. Cette recherche permet de mieux comprendre les réseaux d’échanges et les mouvements de populations des Hurons-Wendats au 17e siècle.
Bonnie Glencross, Gary Warrick, Beatrice Fletcher
Depuis 2014, le Projet Archéologique de Tay Point a enquêté sur les sites d’Ahatsistari (BeGx-76) et Chew (BeGx-9), deux villages Hurons-Wendat. Les recherches archéologiques et historiques suggèrent qu’Ahatsistari et Chew sont des bons candidats pour les villages historiquement référencés de Carhagouha et Quieunonascaran visité par les français A.D. 1615–1616 et 1623–1624. Les emplacements géographiques, les distances entre les villages, et les superficies d’Ahatsistari et de Chew correspondent aux récits ethnohistoriques de Carhagouha et de Quieunonascaran. Des artefacts récupérés de fabrication européenne datent Ahatsistari au premier quart et Chew du deuxième quart du XVIIe siècle. Ces dates cadrent bien aux occupations suggérées pour Carhagouha et Quieunonascaran. Des densités de perles de verre exceptionnellement élevées et des articles européens indiquent un commerce intense entre les Français et les Hurons-Wendat et la présence de visiteurs européens notables à Ahatsistari. La triple palissade et la petite cabane à l’extérieur du village de Carhagouha qui était occupée par Samuel de Champlain, le prêtre Joseph Le Caron, et les commerçants Français restent encore à trouver.
L’interprétation récente des types de céramiques comme étant fluides et relationnels a facilité leur utilisation dans l’exploration de l’identité relationnelle. Dans cette étude, les céramiques du village iroquoien Keffer (AkGv-14) situé au sud de l’Ontario et datant du XVe siècle permettent d’explorer l’auto-identification des ménages matrilinéaires et matrilocaux à travers les communautés de pratique de la céramique. L’assemblage du site Keffer est divisé en deux catégories. Je suggère que la céramique de tradition locale représente des généalogies de pratiques familiales et que celle de tradition non locale exprime des relations contemporaines et des interactions sur de longues distances. De plus, une nouvelle troisième catégorie de céramiques est également proposée, des vases « émergents ». Deux formes distinctes de céramiques émergentes sont matérialisées dans la collection : la lèvre retournée et Durfee Underlined de la rive nord du Lac Ontario. La matérialisation soudaine et géographiquement restreinte de ces vases reflète l’apparition tout aussi soudaine de facettes émergentes des identités polyvalentes des communautés de potières, telles qu’observées à Keffer et sur d’autres sites de la rive nord. La brève durée de production et d’utilisation de ces céramiques émergentes témoigne de l’importance rapidement décroissante de ces nouveaux aspects identitaires émergents, tandis que les céramiques des plus récentes occupations villageoises témoignent de l’endurance et de la transformation progressive des facettes identitaires liées à la généalogie familiale et aux interactions de longues distances.
Alicia L. Hawkins, Gregory V. Braun, Amy St. John, Louis Lesage, Joseph A. Petrus
Des tessons de poterie à haut parement provenant de sites désignés comme étant « Huron-Wendat » et « Iroquoiens du Saint-Laurent » sont analysés en utilisant une approche basée sur le concept de communauté de pratique. En appliquant plusieurs méthodes d’analyse aux tessons, nous avons cherché à déterminer les choix technologiques des potiers. Nous nous sommes concentrés spécifiquement sur la sélection de l’argile, la sélection et le traitement des dégraissants, la préparation du corps du vase et la formation du parement. Nos résultats démontrent que pour chaque étape de production, il existe une gamme de pratiques observées dans la région d’étude. Cependant, par comparaison avec des zones adjacentes et des périodes différentes, nos résultats démontrent qu’il existe une cohérence dans les choix technologiques propres à notre zone d’étude. Nous soutenons que ces observations suggèrent une connexion entre les traditions de fabrication de poterie dans les régions Simcoe Uplands en Ontario et dans la vallée du St-Laurent. Comme les traditions étaient maintenues par les gens, nous constatons des communautés en relations entre elles dans la zone d’étude.
Christian Gates St-Pierre, Suzanne Needs-Howarth, Marie-Ève Boisvert
Le site Quackenbush (BdGm-1) est situé à la limite septentrionale de ce qui correspond à la région ontarienne occupée par les Hurons-Wendat avant leur dispersion historique et visitée par les Anishinaabeg du Bouclier canadien. La fouille partielle du site il y a un demi-siècle a révélé la présence de trois maisons-longues et de dépotoirs. Les données présentées ici proviennent d’un large effort collectif visant l’analyse et la publication des données portant sur la culture matérielle du site. Nous y examinons de quelles manières les assemblages fauniques travaillés et non travaillés peuvent être utilisées pour documenter les activités menées sur le site et pour retracer les interactions entre les habitants du site et les populations autochtones du Bouclier canadien et de la vallée du Saint-Laurent à cette époque. Les données sont plus éloquentes pour les secondes que pour les premières. Elles semblent indiquer que des individus provenant de la vallée du Saint-Laurent ont été présents au site Quackenbush et y ont fabriqué des objets en os dont les styles ont servi à maintenir ou à négocier leur identité dans leur nouvelle communauté d’accueil.
Jonathan Micon, Jennifer Birch, Ronald F. Williamson, Louis Lesage
Dans cet article nous examinons comment les institutions de parenté ont facilité l’intégration des peuples originaires de la vallée du St-Laurent dans des communautés ancestrales Huronnes-Wendat pendant les 15e et 16e siècles. Nous présentons des principes généraux qui utilisent le rôle de la parenté pour structurer des relations sociales, des processus de mouvement de population et d’intégration des nouveaux arrivants. Les données sur la distribution et la fréquence des artefacts Iroquoiens caractéristiques de la vallée du Saint-Laurent dans quatre villages ancestraux Hurons-Wendat en Ontario, au Canada, sont utilisées pour déduire l’échelle des mouvements de population et les processus d’incorporation dans les lignées et les segments de clan Hurons-Wendat. Nous soutenons que les cadres d’interprétation qui intègrent explicitement des catégories et des institutions de parenté en utilisant des analyses de la culturelle matérielle traditionnelle peuvent apporter un nouveau regard sur l’étude des nouveaux arrivants à différentes échelles et de compositions dans la société Huronne-Wendat.
De récentes modélisations bayésiennes utilisant de nouvelles datations AMS de haute précision ont mené à une révision de la chronologie iroquoienne du nord de l’État de New York. La présence iroquoienne est maintenant datée entre les années 1425 et 1520 de notre ère, et sans aucuns indices liés au développement in situ dans la région. Plus de cinquante sites villageois identifiés dans la région doivent maintenant être placés dans un cadre temporel réduit de moitié par rapport à celui que les archéologues utilisaient auparavant. Tous les regroupements de sites semblent maintenant être contemporains et un mode d’occupation à deux villages contemporains pour certaines concentrations de sites semble probable. Afin de maintenir la validité de la sériation céramique des sites, il faudra inverser chronologiquement une des séquences d’occupation des villages, ce qui implique des changements importants pour l’histoire culturelle de la région. Finalement, bien que la dispersion de ces groupes iroquoiens de la région septentrionale de l’État de New York demeure une question complexe, il faudra la repenser à la lumière de ces nouvelles données chronologiques.
Claude Chapdelaine
La région de Saint-Anicet a connu une longue phase d’acquisition de données sur trois sites villageois entre 1992 et 2017. Les sites McDonald, Droulers et Mailhot-Curran constituent une séquence régionale s’étendant du XIVe au XVIe siècles. La majorité des indices matériels et en particulier la présence de maisons-longues, l’importance de la culture du maïs et d’un riche corpus céramique indiquent sans équivoque une identité iroquoienne. Tout en voulant contribuer à une archéologie sociale des communautés en privilégiant la fouille extensive des maisons-longues, les interventions étaient guidées par une conviction selon laquelle les Iroquoiens de Saint-Anicet appartiennent à un groupe distinct que les archéologues identifient aux Iroquoiens du Saint-Laurent. Cette étude a pour but de présenter les données et les arguments menant à cette identification culturelle précise tout en essayant d’identifier les problèmes liés à cette construction identitaire.
Jesseca Paquette, Isabelle Ribot, Christian Gates St-Pierre, Christine Zachary-Deom, Gaetan Nolet
Cet article présente les résultats préliminaires d’un projet initié par le Conseil Mohawk de Kahnawa:ke et le Groupe de recherche ArchéoSociale/ArchéoScience (AS2; Université de Montréal) pour créer un inventaire des sites archéologiques du Québec ayant livré des restes humains appartenant aux peuples autochtones, et ainsi développer un outil utile pour le processus de rapatriation/ramatriation. En utilisant des inventaires existants, la banque de données a regroupé des informations variées pour chaque site, tels que le code Borden, la localisation, la date, le nombre minimum d’individus, le lieu de dépôt des restes, les rapports d’intervention, etc. Trois catégories de site ont été identifiés : 1) ceux qui décrivent la découverte de restes humains associés aux populations autochtones (103 sites); 2) ceux qui contiennent aucun reste humain malgré la mention de sépultures (8 sites); et 3) ceux qui ne rapportent aucune information (81 sites). Plus de 678 squelettes humains provenant de ces sites ont été répertoriés jusqu’à présent. La cartographie des sites a permis de visualiser leur distribution à travers le temps et l’espace. Les recherches futures nécessiteraient de clarifier certaines affiliations culturelles et le lieu de dépôt des restes humains.
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ISSN: 0705–2006 | ISSN: 2816-2293 (online)